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Cécile REBOUL
Agrégée de Lettres Modernes |
Bernanos croit à la responsabilité des chrétiens dans la marche du monde, donc il est extrêmement dur envers ceux d’entre eux, clercs surtout, mais aussi laïcs – car l’Eglise c’est eux tous – dont il estime qu’ils n’agissent pas en disciples du Christ.
Mais il ne parle jamais de l’Eglise comme s’il lui était extérieur. Elle est son milieu vital. Il exclut donc absolument de ne pas se soumettre à l’autorité du Magistère dès l’instant que celui-ci a tranché sur un point quel qu’il soit. Or se soumettre à l’autorité du Magistère ne signifie en rien se ranger à un jugement pour la seule raison que celui-ci est proféré par un clerc, fût-il prélat. En effet, le pape et les évêques ne parlent dans le cadre du Magistère que selon des formes définies et en des cas précis qui ont trait de façon directe à la conservation, à la transmission et à l’explicitation du dépôt de la foi. Le reste du temps, c’est-à-dire la plupart du temps, ce qu’ils disent n’engage pas les fidèles au même degré. On est alors dans l’ordre prudentiel où il n’y a pas d’infaillibilité, car la vertu de prudence, même assistée par la grâce, s’exerce dans l’épaisseur des choses avec tout ce que cela implique d’aléas. De plus, la grâce est reçue dans des cœurs d’hommes, avec ce que cela suppose de possibles refus. C’est justement dans ces refus que réside le scandale, de quelque chrétien qu’il s’agisse.
Mais, s’il s’agit des pasteurs, le refus de grâce est plus préjudiciable et le scandale plus dévastateur, car alors il est donné non pas seulement par tel ou tel chrétien mais très visiblement par l’Eglise (au sens restreint d’institution ecclésiale).
Pourtant Bernanos affirme : « S’il m’arrive de mettre en cause l’Eglise, ce n’est pas dans le ridicule dessein de contribuer à la réformer. Je ne crois pas l’Eglise capable de se réformer humainement ».
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