Gérard DÉDÉYAN (Professeur émérite à Montpellier III, Académie des Sciences et Lettres de Montpellier, Académie Nationale des Sciences d’Arménie)
Successeur lointain de Saint Paul originaire de Tarse, en Cilicie, nourri des épîtres de l’apôtre, ce prélat arménien, plein de fougue, se trouve confronté, dans sa cathédrale, à un riche éventail de communautés. Il œuvre dans le cadre du royaume arménien de Cilicie (voisin de Chypre), créé à la suite de l’émigration arménienne consécutive à la conquête de presque toute la Grande Arménie par des dynasties turques, dans la deuxième moitié du XIe siècle, et jouant le rôle de point d’appui pour les États créés au Proche-Orient par les Croisés. Nersês met sur un pied d’égalité les communautés qui fréquentent sa cathédrale : Grecs, Syriaques, Francs, qui apportent leur richesse spécifique, complémentaire des autres. Reconnaissant la primauté des sièges de Constantinople et de Rome, Nersês est surtout marqué, dans son programme de réformes destiné à une Église arménienne affaiblie par l’occupation turque, par le renouveau de l’Église romaine, refaçonnée par la Réforme grégorienne. L’Église arménienne, avec l’appui de la monarchie nationale, rétablit la communion avec le siège de romain, communion qui persistera jusqu’au 16e siècle. Le souffle œcuménique de Nersês de Lambrun est transmis, au tournant du 17e siècle, à l’abbé Mekhitar de Sébaste, fondateur de la Congrégation mékhitariste (Venise, Vienne), qui contribuera à maintenir une relation privilégiée avec le siège de Pierre.
Participation libre